Chapitre 1 - Jeux, paires & Love

Chapitre 1

 

Sabrina courait à travers le long couloir blanc, le cœur affolé, la respiration saccadée. Elle esquiva un homme en fauteuil roulant et serpenta entre une vieille dame âgée à lunettes et une infirmière dont les bras étaient chargés de serviettes. Plusieurs têtes se retournèrent sur son passage, mais elle n’avait d’yeux que pour les lettres d’accueil sur la pancarte suspendue au-dessus d’un comptoir arrondi où se tenait une hôtesse.

— Ma mère, où est ma mère ? demanda-t-elle d’une voix essoufflée et rendue aiguë par l’angoisse. Elle était en chambre 666 ce matin et là, elle ne s’y trouve plus.

— Comment s’appelle-t-elle ?

— Millot. Maryse Millot.

— Quel est son médecin ?

— Le docteur Poncet.

— Je vois. Son état a évolué. Votre mère est maintenant au service des comateux, en chambre 720. Le docteur est actuellement à ses côtés. Je vais l’avertir que vous êtes là. Il viendra vous chercher.

Sabrina revint machinalement vers la salle d’attente, les yeux dans le vague, la démarche lente.

Tous les pourquoi tourbillonnaient dans sa tête, une, deux, des centaines, des milliers de fois. Incapable d’ordonner ses pensées torturées, un petit cri lui échappa, bref, étranglé. La douleur, souveraine, prit le gouvernail de son corps tandis que ses jambes, incertaines, se mirent à trembler très fort. Son dos glissa le long du mur et elle finit recroquevillée sur le sol dur. Elle ramena ses bras autour de ses genoux. Autour d’elle tout devenait flou.

— Mademoiselle Millot ?

Sabrina releva la tête doucement. La main sur son bras la sortit de son désarroi. Elle reconnut le visage grave penché sur elle.

— Venez avec moi.

Le docteur Poncet se faufilait déjà à grandes enjambées dans le couloir. Elle le suivit avec difficulté. Quelques chambres béantes sur leur passage laissaient entrevoir des souffrances cachées. Mais Sabrina était profondément ancrée dans sa propre affliction.

La chambre était identique à la précédente sauf les appareils. Les yeux de la jeune fille glissèrent sur les fils de l’imposant dispositif pour s’attacher au visage de sa mère.

— Quand se réveillera-t-elle ?

— Elle est dans un coma profond. Nul ne peut dire quand elle y émergera. Parlez-lui si vous le souhaitez. Personnellement, je ne pense pas qu’elle vous entende. Son stade est trop avancé. Si vous avez des questions, je serais à votre écoute ainsi que le personnel infirmier attaché à ses soins.

Lorsqu’elle fut seule dans la pièce, elle s’assit au rebord du lit et se pencha pour embrasser la joue lisse. Sa mère se réveillera peut-être en souriant avec un bonjour ensommeillé et tendre comme avant… avant cet accident.

Traumatisme cérébral important consécutif à une chute malencontreuse sur un trottoir, avait-elle appris une semaine plus tôt lorsqu’on était venu l’avertir chez elle.

Des larmes ruisselaient sur ses joues. Les paroles de sa mère lorsque son père était décédé trois ans auparavant dans un accident de voiture lui revinrent comme une litanie. L’espoir est mort, je l’ai tué avec mon cœur… il n’entend plus mes pleurs.

Jamais leur situation familiale ne lui était apparue aussi sombre qu’à cet instant présent, tranchant singulièrement avec le blanc immaculé de la pièce. L’optimisme à toute épreuve qui caractérisait la figure maternelle maintenant confinée sur ce lit gardé par d’étranges machines s’était égaré quelque part dans le temps.

— L’espoir est sur son lit. Il ferme les yeux sur la vie et rêve de son paradis que le monde a détruit, chuchota la jeune fille d’une voix éraillée.

Des flashs de ce passé à trois se succédaient indifféremment dans sa tête : son père lui racontant un conte de fées entièrement inventé, sa mère la bourrant de baisers pour calmer ses cauchemars et tous les trois soufflant en riant sur un feu de bois qui ne prenait pas… Elle pressa la main de sa mère comme pour lui communiquer leur puissance émotionnelle.

Comme un sablier marquant les minutes écoulées, ses doigts emmêlés à ceux de la malade s’ankylosaient, la ramenant à la terrible réalité. Elle était seule pour affronter un cortège de difficultés : des arriérés de dettes, le petit studio délabré où elles vivaient depuis le décès de son père et l’abandon de ses études pour trouver un emploi.

Une infirmière fit son apparition et elle dut céder la place. Au-dehors, le jour était devenu crépusculaire. Les visites étaient terminées.

Dans le passage menant à l’accueil, un petit garçon, sorti de nulle part, faillit la percuter. Ses petites mains sur les pans de sa jupe la tirèrent de son état de somnambule. Il émit quelques paroles incompréhensibles en la suppliant du regard puis disparut aussitôt. Elle se retourna, se demandant si elle n’avait pas rêvé, et ses yeux reprirent possession de l’environnement autour d’elle. Les chaises occupées plus tôt étaient vides. À travers les vitrages de séparation des bureaux, elle pouvait apercevoir une blouse blanche.

 

L’homme, de l’autre côté, ralentit son allure. Malgré l’épaisseur de la vitre, il arrivait à distinguer une jeune fille habillée de façon commune avec une silhouette enveloppée au niveau de la taille et une longue tresse noire ramenée devant sa poitrine ronde. Il resta hypnotisé par son regard triste, perdu et terriblement attirant. Ses pas se dirigèrent d’eux-mêmes dans sa direction.

— Quelqu’un s’occupe de vous ?

Elle fit un signe de la tête et tituba.

— Je vais vous examiner.

— Non… Ce n’est pas la peine. Je suis juste un peu groggy d’être restée assise trop longtemps auprès de ma mère.

— Alors, il vous faut une boisson chaude. Le coin cafeteria est encore ouvert. J’ai besoin, moi aussi, d’un bon café. Si nous le prenions ensemble ?

Des yeux frangés de longs cils le fixèrent avec interrogation.

— Je suis le Docteur Luis Amos…

— Je sais.

Les yeux du docteur s’écarquillèrent.

— Votre badge…

L’index potelé de la jeune femme était pointé vers l’insigne à sa blouse blanche.

Le Docteur Amos éclata de rire et passa une main derrière sa nuque.

Sabrina songea que c’était certainement un tic du docteur.

— J’ai tendance à l’oublier.

Le docteur lui présenta une main qu’elle serra. Elle remarqua le cercle doré à son annulaire. Il existait une Madame Amos. Elle espérait au fond d’elle-même que le docteur avait trouvé une femme qui lui rendait sa gentillesse et non une sorcière comme elle avait tant de fois constaté. Généralement, les garçons sympathiques se mariaient avec leur opposé.

— Soyez sans crainte, je travaille dans cet hôpital depuis assez longtemps pour être jugé digne de confiance par tous ceux qui me connaissent.

Un mince sourire se profila sur les lèvres de la jeune fille.

— Je suis Sabrina. Sabrina Millot. C’est que je n’ai pas l’habitude d’être invitée ainsi.

— Nous sommes à égalité. C’est la première fois que j’invite une autre femme que la mienne. Et je ne suis pas aussi familier avec les personnes rencontrées à l’hôpital la première fois, en général. Mais je sens chez vous quelque chose que je n’ai jamais ressenti chez quelqu’un d’autre auparavant. Je ne sais pas vraiment comment le définir. Il m’a semblé naturel de vous proposer ce café. Ou autre chose ?

— Un chocolat chaud me ferait envie, je vous remercie.

Sabrina voulait bien le croire. Elle n’était pas jolie, au contraire. Personne ne la courtisait. Fuyant la compagnie des étudiants de la Fac, elle se sentait laide et s’habillait avec de vieux vêtements qu’on lui refilait. De plus, elle avait un surplus de poids qui ne lui seyait guère. Elle-même ne s’aimait pas !

Ils s’installèrent peu après dans une petite boutique-café réservée à la clientèle de l’hôpital. Un présentoir s’égayait de journaux et de revues, juste devant des bacs remplis de bonbons multicolores. Le carrelage neutre, en revanche, s’harmonisait avec le gris des dossiers des chaises et l’ambiance médicale.

Ils s’observèrent en silence quelques minutes.

Il avait le teint méditerranéen. Ses yeux de couleur noir charbon, d’une profondeur impressionnante, la contemplaient avec une douceur et une prévenance exquises. Il n’avait pas un corps d’athlète, mais un torse masculin somme toute classique et des bras longs. Il devait avoir une quarantaine d’années et était plutôt bel homme.

Se rendant compte que son regard caressait le corps du médecin, Sabrina fut prise d’un sentiment de gêne soudain tout à fait justifié. Sa timidité resurgit.

— Que vous arrive-t-il ?

Ne sachant trop pourquoi, Sabrina céda sous la tendre sollicitude de ces mots et lui confia tous ses problèmes depuis le décès de son père.

— Et vous n’avez aucun ami ?

— Non, lâcha-t-elle péniblement.

Il y avait bien sa voisine, Malika, mais cette dernière n’était pas encore revenue de ses vacances au Maroc.

— Nous vivons dans un monde d’apparences. Les gens ne cherchent pas à gratter un peu pour voir ce qui se cache au fond de chaque être. J’ai peut-être une bonne nouvelle pour vous. Un de mes amis recherche une secrétaire.

— Vraiment ? balbutia Sabrina abasourdie par cette incroyable opportunité.

— Selon votre cursus scolaire que vous venez de me mentionner, je pense que vous avez le profil. Je lui en parle dès demain.

Sabrina resta silencieuse, trop émue pour répondre.

Il jeta un œil à sa montre.

— Ma pause est terminée depuis un petit moment, s’excusa-t-il. Il faut que j’y aille.

Il sortit un stylo et une carte d’une de ses poches, écrivit quelques mots et la lui tendit.

— Appelez-moi. Je suis sûr que vous aurez la place. Cela me ferait plaisir de vous avoir par la suite pour amie. Et puis, pourquoi pas venir manger à la maison ? Ma femme sera contente de connaître une personne comme vous. Allez courage ! ajouta-t-il en posant sa main sur la sienne.

Puis, il s’éloigna à grandes enjambées sous le regard devenu triste de Sabrina.

Tout cela lui semblait étonnant. Elle avait croisé, l’instant d’avant, ce docteur dans un coin d’hôpital et, en l’espace de quelques mots échangés, il venait de l’inviter à dîner chez lui en compagnie de sa femme. Il lui avait même trouvé un travail ! Il était vrai qu’elle ressentait une profonde sincérité émaner de cet homme qui s’était évaporé dans les couloirs tortueux de l’établissement. Elle avait également la curieuse impression d’avoir déjà rencontré le docteur Amos. Ces quelques minutes en sa chaleureuse compagnie lui avaient fait oublier la détresse qui revenait progressivement.

Serait-il Jean Valjean ? Elle en doutait fortement.

Son esprit essayait de comprendre ce qui l’avait amenée à cette situation. Quel élément avait déclenché ces événements qui s’enchaînaient comme l’effondrement de dominos ? À chaque domino au sol, une partie d’elle se déchirait pour laisser place à un gouffre intérieur. Elle ne parvenait pas à comprendre ni à remédier à cette descente inexorable et lente dans l’enfer de la solitude. Les coudes nus posés sur la table, elle tentait de remonter le temps pour accéder au fait catalyseur, la source de ses malheurs actuels.

Un bruit de verre cassé la ramena à l’instant présent.

Elle quitta sa chaise à son tour.

À l’entrée de l’hôpital, un jeune couple s’embrassa à la dérobée en gloussant. Elle détourna la tête. L’amour était bien loin de ses préoccupations. Non, elle n’était pas Cosette[1]. Marius ne viendrait pas sauver sa vie amoureuse inexistante et Jean Valjean ne l’emporterait pas loin de sa disette.

Une demi-heure plus tard, Sabrina tâtonna la serrure de la porte d’entrée avec sa clé. La cage d’escalier était dans la pénombre. L’ampoule avait grillé depuis plus de deux semaines et aucun employé de l’entretien n’était passé pour la changer. Le bâtiment était dans un délabrement avancé. Les habitants de l’immeuble se souciaient peu de leur lieu de résidence. Ils entreposaient leurs ordures n’importe où. Sabrina avait failli trébucher sur une peau de banane.

Une porte claqua violemment. Elle sursauta en lâchant son trousseau et se baissa pour le ramasser.

De nouveau, elle chercha avec son pouce le trou de la serrure épuisée des coups de clés subis depuis tant d’années. Mais la dextérité diplomatique de Sabrina parvenait à chaque coup à réconcilier cette clef et cette serrure récalcitrante, amies de longue date. Elle soupira de contentement quand la clé s’introduisit à l’intérieur.

Elle poussa la porte d’un coup d’épaule, car celle-ci était un peu coriace. Un petit cri lui échappa quand son épaule heurta le bois blindé. La porte céda enfin et s’ouvrit sur le studio. Celui-ci était très peu meublé, comme si personne n’y habitait. Un canapé-lit, où elle dormait avec sa mère, trônait au centre, face à une télévision posée sur une table basse ramassée à l’entrée du bâtiment. Elles mangeaient sur le bar de la cuisine américaine. Au moins, l’appartement était propre, son seul avantage.

De lassitude, elle s’écroula sur le canapé et regarda dans le vide. Elle devait faire un cauchemar. Elle allait se réveiller et son père serait présent.

Elle secoua la tête, elle divaguait. Tout cela était bel et bien réel. Le visage sympathique du Docteur Amos lui apparut. Sa main tâtonna le fond de son sac et son pouce caressa la précieuse carte de visite. Son cœur se réconforta en sentant le relief du nom et du prénom sous son doigt.

Son ventre émit de drôles de petits rots lui rappelant qu’elle n’avait rien avalé de la journée. Elle le caressa comme pour l’apaiser.

Devant le frigo ouvert et quasiment vide, la jeune femme sortit le dernier morceau de jambon et le beurre. Le pain, rangé dans un sac plastique, était un peu dur. Elle se fit un sandwich. En guise de boisson, elle remplit un verre d’eau du robinet. Elle s’assit sur l’un des deux tabourets.

« Ce n’est pas appétissant », songea-t-elle en croquant la première bouchée.

Son regard se posa sur un ticket de loto dont le tirage était certainement pour ce soir. Elle alluma la télé. Sa mère jouait toujours les mêmes numéros. Elle avait un optimisme à toute adversité et Sabrina aimerait lui ressembler.

Sa montre, achetée au marché, lui indiquait que le tirage ne se ferait pas avant une vingtaine de minutes.

Sa solitude l’écrasa tout à coup. Aucun son ne venait perturber le silence pesant de la pièce. Son bâtiment, d’habitude rempli des cris d’enfants qui s’amusaient ou de disputes de couples, semblait plongé dans un calme impressionnant.

Elle aurait tellement aimé appeler le Docteur Amos et entendre sa voix rassurante, mais elle n’avait plus de ligne téléphonique. La dernière note était toujours impayée.

Son sandwich avait été englouti et elle avait toujours la fringale. Mais le ventre du frigo était aussi affamé que le sien. Elle sauta du tabouret, prit l’éponge à côté de l’évier et essuya les quelques miettes tombées. Avant de se rasseoir, elle alluma la télévision. Le tirage du loto se déroulait.

 

La présentatrice habituelle souhaitait la bienvenue aux téléspectateurs pour le 666e tirage du loto. Blonde, des formes généreuses mises en valeur par un tailleur, elle arborait un maquillage irréprochable, mais un peu exagéré pour la circonstance. Il ne s’agissait que du tirage du loto national, après tout. Elle avait pour mission de lire en direct le texte et les remarques intelligentes défilant sur un téléprompteur. Mais surtout, elle n’avait pas le droit à l’erreur à l’annonce des numéros gagnants. Elle prit la parole en évoquant l’huissier en coulisse qui contrôlait le bon déroulement du tirage. Avec un air amuseur, elle émit un jeu de mots douteux au sujet du numéro 666.

Emportée une fois de plus par ses pensées, Sabrina se revit devant la chambre d’hôpital revêtue de ce même numéro. Le retour à cet événement l’attristait, mais la potiche l’extirpa de son douloureux souvenir pour annoncer le début du tirage. Le ticket de loto à la main, elle regarda les numéros sans vraiment les lire. Elle les connaissait par cœur.

Le premier correspondait à la date anniversaire de son père, né un 2 décembre, le second à celle de sa maman, née un 10 mars. Sabrina avait eu un frère aîné mort peu de temps après sa naissance : Mort subite du nourrisson. Elle n’en avait jamais vraiment discuté avec ses parents. Le sujet était tabou. Elle se souvenait du 13 septembre, journée où sa mère portait des fleurs au cimetière sur la tombe de ce frère qu’elle ne connaîtrait jamais. Le 13 septembre 1974 était un vendredi 13. Sabrina n’était pas superstitieuse, mais cela avait toujours suscité un trouble dans son esprit quand un vendredi tombait sur le 13.

Ainsi, la combinaison jouée par sa mère, cochée sur le ticket dans sa main gauche, était composée de sept nombres issus des dates de naissance de sa famille.

— Premier numéro, le 12, annonça la présentatrice avec un large sourire exigé par sa direction.

Sabrina était perdue dans ses rêveries liées à la présentatrice. Elle se repassait les émissions auxquelles celle-ci avait participé. Étrangement, la blonde n’avait pris part qu’à des programmes non intellectuels.

— Et maintenant, le tirage du numéro complémentaire, conclut la pulpeuse jeune femme qui se trémoussait pour annoncer le dernier numéro.

Les yeux de Sabrina effleurèrent de façon nonchalante le téléviseur. Au bas de l’écran s’affichait le 12, suivi du 2, du 10, du 13, du 9 et du 3. Ces chiffres lui étaient familiers. Son front se plissa alors qu’elle cherchait à percer leur mystère. Le 2 et le 12 correspondaient à la date de naissance de son père. Le 10 et le 3 étaient associés à celle de sa mère. Le 13 et le 9 étaient attribués au frère inconnu. Elle n’en revenait pas. N’était-elle pas en train de faire une sieste ? Sa main gauche se cramponnait au ticket tandis que sa main droite tenait le zapping de la télévision dont le son augmenta pour bien entendre la dernière séquence susceptible de lui apporter tant de bonheur, un rayon de soleil dans sa triste existence. Elle songea furtivement aux conséquences sur le mode de vie de sa maman et sur la sienne.

La roue de la chance tournerait-elle en sa faveur? Celle de la machine sur le plateau de télévision, elle, tournait toujours. Cette roue avait la possibilité d’offrir une petite fortune à des inconnus. Les boules s’entrechoquaient violemment dans le tambour de l’appareil à bonheur. Sabrina essayait avec beaucoup de mal de suivre les sphères dans l’espoir d’apercevoir sa boule. Le temps semblait s’être suspendu.

Soudainement, la trappe permettant la sortie de l’ultime numéro se déverrouilla. Elle quitta sa place confortable sur le canapé pour un sol propre, mais si rude. Une boule s’était engagée, elle roulait. Tous ses espoirs reposaient sur cette balle encore inconnue vingt minutes auparavant. Subitement, des remords redirigèrent ses pensées vers sa maman connectée à des machines sur son lit d’hôpital.

« Si seulement tout cela n’était pas arrivé. Si papa n’était pas mort. Avec des oui on referait le monde. »

Puis, réalisant son erreur, elle se répéta qu’avec des « si » on referait le monde. Pourquoi avait-elle commis une erreur ? Ses pensées revinrent au jeu qui se terminait.

La présentatrice rappelait les numéros et le complémentaire, le six. Prise d’une peur un peu panique tout d’abord, Sabrina réalisa que son numéro était sorti. Elle se mit à trembler de tout son corps. La joie l’emporta sur tous les autres sentiments qui l’avaient traversée en un instant. Son double numéro correspondant à son jour et mois de naissance était bel et bien sorti. Avant de rendre l’antenne, la présentatrice récita les numéros sortis dans la soirée. Ces mêmes numéros n’avaient plus de secret pour Sabrina. Elle flottait sur un petit nuage. La télévision poursuivit ses programmes, mais l’esprit de la jeune femme vaguait.

Était-ce possible ?

Une nouvelle aventure l’attendait…

 


[1] Cosette, Marius et Jean Valjean sont des personnages du roman trilogique de Victor Hugo, Les Misérables

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