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Chapitre 13 - Jeux, paires & Love

Chapitre 13

 

— Qu’est-ce que tu as, Julien ? demanda doucement Sabrina au petit garçon qui avait une attitude bizarre depuis son arrivée ce dimanche matin.

Elle avait pensé que la disparition de son frère en était la cause, mais là, son comportement n’était pas habituel. Sa mère l’avait accompagné ce matin. La maison était sans cesse en remue-ménage avec la disparition de leur aîné. L’endroit n’était pas vivable en ce moment pour un enfant de cet âge, déjà perturbé par des problèmes antérieurs.

Julien était venu avec un camion de quinze centimètres en plastique doté d’une remorque. Et tous les petits garçons, bien entendu, voulaient toucher son jouet. Il se mettait alors à les écarter avec violence, s’isolant dans un coin avec son petit trésor.

Sabrina s’était rapprochée de lui.

— Il est bien beau ton camion. Il transporte quoi ?

— De l’huile d’olive.

À cet instant, Nicolas, un autre garçonnet, lui chipa son jouet brusquement sous le nez de Sabrina, si vite, que celle-ci manqua de réflexe.

— Redonne-le-moi tout de suite ! s’écria Julien qui bondit dans la direction du voleur.

Dans la lutte, le camion tomba avec fracas sur le sol.

Sabrina écarta les enfants pour les séparer et récupéra le jouet dont la remorque s’était légèrement détachée.

— Il est cassé !

— Non, ton jouet n’est pas abîmé, le rassura Sabrina, il s’est juste déboîté. Je vais remettre la remorque en place.

Ce faisant, elle rencontra un obstacle qui empêchait les saillies de la remorque de s’encliqueter dans les creux du camion. Elle introduisit son doigt dans l’espace vide de la remorque pour dégager l’élément qui coinçait et rencontra quelque chose de mou. Les enfants avaient stoppé leur activité pour l’observer.

Sabrina tira l’objet et, lorsqu’elle s’aperçut de quoi il en retournait, elle s’arrêta aussitôt.

— Les enfants, vous allez sagement reprendre vos dessins. Je vais emmener Julien voir Manuel. Mais auparavant, je vais appeler Marie-Jo pour qu’elle reste avec vous le temps que je revienne.

— Pourquoi doit-on voir Manuel ? Tu n’arrives pas à réparer le camion ?

— C’est un peu cela, lui répondit Sabrina, en pianotant sur son téléphone portable, le précieux camion et sa remorque fermement maintenus contre elle.

Quelques minutes plus tard, après la relève par Marie-Jo, elle se dirigeait avec Julien vers la salle où Manuel donnait, comme à l’accoutumée, son cours de danse. Le petit garçon lui réclama le jouet. Elle vida subrepticement le contenu de la remorque, le glissa dans la poche de sa veste, puis lui confia l’ensemble séparé.

Une musique s’élevait à mesure de leur ascension à l’étage. Les notes rappelèrent à Sabrina les paroles de Manuel à la fin de la soirée avant-hier. Ils s’étaient croisés rapidement ce matin au Centre. Elle n’y avait pas fait référence. Après tout, elle les méritait ces remerciements. Elle se demandait comment il l’avait su. Certainement pas par Janice qui aurait tiré la couverture à elle. En fait, Manuel avait tout de suite abordé le sujet de la recherche de Frédéric. Hier, il s’était rendu seul, dans un premier temps, aux endroits où l’adolescent avait l’habitude de traîner, sans succès. Et cette après-midi, ils avaient prévu de rendre visite à une jeune fille que Frédéric avait fréquentée quelque temps, une certaine Sarah. Mais avec sa découverte, les choses prendraient une tournure plus précise. Elle espérait que Frédéric était sain et sauf.

Elle poussa la porte après avoir frappé légèrement.

Manuel interrompit la séance tout de suite à leur vue. Il confia à un de ses élèves le rôle de guider les autres tandis que Sabrina se pencha vers Julien.

— Dis-moi Julien, qui t’a offert ce jouet ?

— Personne. Je l’ai trouvé dans la chambre de Frédéric.

— Il te l’a donné ?

— Non… C’est pas bien, je sais, mais il était tellement beau que je l’ai pris sans lui demander. Il était sorti.

— Ce n’est pas grave, je suis sûr qu’il te l’aurait offert de toute façon. Les jouets de ce genre ne sont plus de son âge. Tu vas rester un petit moment avec les autres. Je vais discuter avec Manuel et ensuite on retourne à notre cours de dessin.

Manuel avait suivi ce petit dialogue. Il comprit qu’il se passait quelque chose d’important. Tous deux s’esquivèrent en refermant la porte.

Manuel l’interrogea du regard.

Sabrina sortit l’objet trouvé de sa poche.

Manuel pâlit lorsqu’il vit la pochette remplie de poudre blanche. Frédéric s’était embarqué dans une histoire de drogue un peu plus sérieuse.

 

Manuel avait remis l’objet délictueux à un ami inspecteur. Le policier s’était tout de suite déplacé discrètement. Après le départ de celui-ci, Manuel traça trois colonnes sur un papier vierge retiré d’une imprimante. Dans la première, il inscrivit tous les noms susceptibles de lui être utiles. Dans la seconde, il reporta ceux des personnes ayant côtoyé Frédéric.

Dans quel guêpier l’adolescent s’était-il fourré ? S’était-il enfui ou bien l’avait-on kidnappé ? Était-il simple acheteur ou faisait-il le guetteur pour les revendeurs de drogue ? Les enfants étaient souvent la proie idéale pour ce genre de rôle.

Dans la troisième colonne, il mit ses suppositions.

Frédéric avait pu être interrogé par la police. Les revendeurs, prenant peur, auraient pu s’en prendre à l’adolescent. Plusieurs cas se présentaient : le meurtre, la fuite de Frédéric, ou bien une planque fournie par les revendeurs dans une autre ville, le temps que l’affaire se tasse.

Par où devait-il commencer ?

La porte de la salle s’ouvrit doucement. Il releva la tête de sa feuille griffonnée à l’encre bleue. Sabrina portait deux tasses de café fumant dont l’odeur emplit la pièce aussitôt.

Il la croyait partie en même temps que les enfants. Il avait repoussé la visite chez Sarah, l’ex-petite amie de Frédéric. Il pensait que Sabrina avait rendez-vous avec Christian.

Comment une femme aussi consciencieuse et sensée pouvait se laisser prendre à son jeu ? Il chassa cette pensée aussitôt, car il s’était promis de ne plus se mêler des affaires de cœur de Sabrina.

« Pense à elle comme à une employée. », se sermonna-t-il.

Sabrina posa une tasse devant lui et s’attribua l’autre. Elle tira la chaise en face de lui pour s’asseoir.

— Que faites-vous ?

Manuel lui expliqua en lui montrant ses notes. Sabrina approuva l’initiative.

— J’ai contacté un ami policier. Il est venu tout à l’heure récupérer la drogue. Il me doit quelques petits services.

Sabrina acquiesça de la tête. Manuel ne put s’empêcher de fixer la jeune femme. Elle avait bien changé depuis leur première rencontre. Elle paraissait assurée et plus femme. Ses tenues vestimentaires avaient une allure plus sexy et mettaient en valeur sa poitrine. Le bouton de la chemise s’était libéré montrant ainsi la naissance des seins.

Est-ce qu’à cet endroit, la peau était aussi très douce ?

Son cœur battit la chamade, son souffle devint court. La présence de Sabrina à ses côtés lui était devenue insupportable. Il voulait la toucher, l’embrasser, la rendre encore plus épanouie.

Il l’imaginait étendue sur un lit, ses longs cheveux cachant son intimité qu’il brûlait d’explorer comme un trésor. Il la voyait languissant de plaisir sous ses mains avides de parcourir ce corps de soie.

— Cela suffit ! s’écria-t-il en se levant.

La chaise perdit l’équilibre et heurta le sol carrelé dans un fracas assourdissant.

— Qu’avez-vous ? demanda Sabrina ébahie.

Manuel remit la chaise sur ses pieds.

— Excusez-moi, je suis exténué, mentit-il. Je voudrais le retrouver le plus vite possible, ajouta-t-il en s’éloignant d’elle.

Il se positionna face à la porte de manière à ne pas la voir. Il ne pouvait pas la séduire, car elle appartenait à un autre indigne d’elle. Mais pourquoi avait-il engagé ce Don Juan ? Brice avait parfaitement vu clair en son jeu depuis le début.

Il sentit une pression sur son bras. Sabrina se tenait à ses côtés, une main posée en signe d’apaisement. Mais ses seins effleuraient également son bras. Les pointes se mirent à durcir à ce contact physique extrêmement troublant.

Mais à quoi jouait-elle ? Il n’était qu’un homme, après tout !

Il se retourna vers elle, empoigna sa main et posa brusquement ses lèvres sur les siennes déjà entrouvertes. Son autre main se dirigea vers son sein gauche. Il caressa l’objet tant convoité.

Sabrina ne se débattait aucunement. Elle laissa échapper un soupir de contentement qui exacerba son désir. Il se colla tout contre elle pour lui communiquer l’ampleur de son excitation. Sa main lâcha celle de Sabrina pour se plaquer derrière la nuque de la jeune fille. Il l’embrassa avec gourmandise, leurs lèvres s’accrochant en un baiser profond.

Tout en la gardant contre lui, il l’emmena vers une des tables libres. Il la fit asseoir avant de l’allonger. Sabrina n’avait pas protesté.

« Qu’elle est belle ! », pensa-t-il.

Il hésita quelques secondes, mais les yeux fermés et la bouche entrouverte de la jeune femme demandaient une plus ample exploration de son corps.

Manuel ouvrit la chemise de sa secrétaire sans précipitation. Sa poitrine se dévoila sous l’étoffe d’un soutien-gorge en dentelle rose. Il embrassa chacun des seins avant d’en sortir un pour lui titiller le téton déjà durci.

Sabrina s’extasia en gémissant d’un plaisir jusqu’alors inavoué. Les mains de son assistante tenaient sa tête pour le sentir encore plus près d’elle. Encouragé, il lui baisa ensuite l’autre sein et le palpa comme le premier. Ses lèvres descendirent sur son ventre tout aussi doux que le reste, le ponctuant d’innombrables petits baisers. Ces caresses pouvaient durer des heures s’il l’avait souhaité, mais le refoulement depuis des semaines mettait sa patience à rude épreuve. Son désir s’éveillait à chaque fois que la jeune fille était dans les parages. Un regard, une parole, une posture ou un geste à son égard et il ne répondait plus de lui comme en cet instant.

Il dégrafa son jean qui la moulait telle une seconde peau. Son exploration n’était pas totalement finie, bien au contraire. Un bout de tissu rose révélait le bas assorti. Tout pour l’exciter encore plus.

Il embrassa la peau, juste au-dessus de la limite du string.

— Non, non, pas cela ! S’il vous plaît !

La réaction tardive de Sabrina lui fit comme une douche froide.

Il se redressa et sortit en claquant la porte, plus furieux contre lui-même que du revirement de dernière minute de la jeune fille.

 

Secouée de tremblements, Sabrina se releva rapidement et s’ajusta avec difficulté. Un sanglot lui échappa. Elle voulait se laver tout de suite pour enlever la brûlure qui avait surgi dans son corps traître. Elle ne comprenait pas ces réactions physiques que manifestait tout son corps dès que Manuel la touchait. Ils avaient failli faire l’amour, là, sur une table, comme des… dépravés… Son cœur était rempli de Christian, mais son corps réagissait pour Manuel.

« Je ne suis pas normale », songea-t-elle.

Une complète confusion régnait dans sa tête.

« Il doit me prendre pour une allumeuse. »

Cette idée lui arracha un autre sanglot. Elle se frictionna vigoureusement les bras pour se débarrasser de la sensation du contact de Manuel. Elle avait besoin d’une douche en urgence pour évacuer l’épisode purement sexuel qui venait de se produire.

Elle sortit immédiatement de la pièce et s’enfuit jusque chez elle où elle se jeta tout habillée sous l’eau glacée. Elle retira ses vêtements avec rage et se frotta à s’en écorcher l’épiderme. Les larmes lui brûlaient les yeux autant que les marques causées par le frottement abrasif des poils du gant sur toute sa peau.

Longtemps après, lorsque l’eau froide avait presque anesthésié toute sensation laissant ses membres raidis, presque insensibles, elle ferma le robinet de douche et s’enveloppa dans un peignoir. Le contact douillet et chaud lui fit, par contraste, claquer des dents. Elle s’installa en chien de fusil sur son lit. L’image de Christian lui apparut suivie par celle de Manuel, et ainsi de suite jusqu’à ce que ses yeux, fatigués de rester ouverts, se ferment, épuisés, sur le sourire de Christian.

 

Sabrina se réveilla dans un hurlement. Le cauchemar de l’homme au plafond était revenu. En sueur, elle vérifia l’heure. Elle avait dormi une bonne partie de la soirée et de la nuit. Il était trois heures du matin. Elle se redressa à demi et s’adossa contre son oreiller. Une migraine lui tenaillait la tête. Elle prit deux comprimés de Doliprane sur sa table de nuit et les avala avec un peu d’eau de la bouteille qui traînait. Elle était en nage. Elle se débarrassa de son peignoir et s’étendit nue, repoussant les draps au bas de ses pieds. Mais bientôt, elle eut froid brusquement et ramena les draps sur elle. Ses dents se mirent à s’entrechoquer.

« J’ai attrapé froid, c’est inévitable avec cette douche glacée », pensa-t-elle entre deux claquements de dents, avant de s’enfoncer complètement dans la torpeur fiévreuse qui la gagnait.

Lorsqu’elle se réveilla, il lui semblait avoir à peine fermé l’œil. Sa gorge était douloureuse et elle se sentait si fatiguée qu’elle pourrait dormir une semaine. Elle s’agita dans ses draps et ses yeux encore lourds de fièvre captèrent un mouvement près de son lit.

— Ah ! Te revoilà parmi nous. Tu m’as fait une de ces peurs ! s’exclama Anabella.

— Anabella ? articula avec difficulté Sabrina… Mais…

La suite s’étouffa dans sa gorge qui lui faisait horriblement mal.

— Ne parle pas ! Le docteur a dit que tu avais attrapé une grippe. Tout va bien. Tu iras mieux dans une semaine. Quand je pense que tu es restée une journée toute seule dans cet état !

— Comment…, réussit à dire Sabrina.

— Comment je suis arrivée chez toi ? Tu n’es pas partie au boulot hier et tu ne répondais pas au téléphone. Manuel m’a appelée. Il s’inquiétait pour toi. Il avait l’air un peu coupable, je ne sais pas pourquoi. Vous vous êtes disputés au Centre ? Et puis, Christian est injoignable, lui aussi était absent hier. On pensait que vous étiez peut-être ensemble. Tu n’avais pas rendez-vous avec lui dimanche ?

Sabrina secoua négativement la tête.

— Bref, je me suis déplacée à ton appartement. Et j’ai bien fait. Tu ne devais pas être dans ton état normal. Tu avais laissé ta porte légèrement ouverte. Heureusement que tu es la seule locataire sur ton palier. J’ai pu entrer facilement et je t’ai trouvée complètement alitée. J’ai appelé le médecin et j’ai fait la nounou depuis… Tu as un autre oreiller ? Je pense que tu n’es pas bien calée là.

Sabrina lui indiqua du menton l’endroit de la penderie tout en songeant à l’absence inhabituelle de Christian. Elle espérait que tout allait bien pour lui.

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