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Chapitre 15 - Jeux, paires & Love

Chapitre 15

 

Sabrina marchait d’un pas ferme. Elle avait passé un dimanche affreux. Elle avait tenu bon et n’avait pas appelé Christian. Ce dernier n’avait pas téléphoné non plus. Cela confirmait totalement sa tromperie. Elle avait réussi à donner le change à Manuel samedi soir lorsqu’il l’avait raccompagnée à son domicile. Mais depuis, les affres de la souffrance l’avaient totalement submergée.

Lorsqu’elle arriva à son travail, elle alla directement au bureau de Christian et entra sans frapper. Ce dernier était déjà là. Cela lui fit encore plus mal. Il n’avait même pas daigné la saluer.

Sans autre forme de procès, elle ôta la bague à son doigt et la déposa sur son bureau.

— Je te rends ceci. Je t’ai aperçu samedi à la discothèque Le Régent. Nous deux, c’est fini.

— Sabrina, laisse-moi t’expliquer…, commença Christian, très pâle.

Elle ne s’arrêta pas pour l’écouter et quitta la pièce. Elle n’irait pas travailler aujourd’hui.

Tandis que l’ascenseur la menait au rez-de-chaussée, elle sentait comme un vide en elle. Elle s’attendait à souffrir davantage d’avoir été ainsi bafouée. Mais l’aimait-elle vraiment ? Pour la première fois, elle arrivait à analyser un peu mieux ce qu’elle ressentait pour lui. Elle était soulagée de ne plus être attachée à lui et en même temps tellement triste de ne plus être aimée. Ne pas avoir été aimée comme elle le croyait. C’était cela. Elle avait tellement besoin d’amour et s’était accrochée à Christian, pensant avoir trouvé cet amour qu’elle espérait au fond de son cœur. Ses expériences avec les hommes avaient eu le même résultat : Christian comme Manuel n’avaient pensé qu’à son corps, désavouant ses sentiments. Tous deux, cependant, l’avaient respectée, curieusement. Christian n’avait pas cherché à aller plus loin que de simples baisers. Et Manuel… Il aurait pu la séduire facilement, mais s’était retenu à chaque fois. Elle n’avait été la maîtresse d’aucun des deux. Mais elle se sentait quand même humiliée et profondément trahie. Elle n’avait représenté qu’une image sexuelle, un désir à satisfaire alors qu’elle attendait l’amour. Un amour comme celui que ses parents avaient l’un pour l’autre. Une envie irrépressible de se confier s’empara d’elle. Elle sut où elle devait aller.

Sur sa route, elle stoppa chez un marchand de fleurs et en ressortit avec un gros bouquet de roses rouges à la main.

— Des roses pour vous deux qui aviez su m’aimer et qui me guidez encore, murmura-t-elle doucement en déposant son bouquet quelque temps après sur la pierre tombale où étaient inscrits les noms de ses parents.

Ce moment de recueillement lui apporta la réponse qu’elle cherchait. Elle avait besoin de se ressourcer dans un endroit tranquille.

« Un havre de paix…»

Elle s’était souvenue des paroles de Manuel. La maison au bord de l’eau. Elle contacta immédiatement Anabella. Celle-ci la rejoignit plus tard à son appartement et lui remit les clés.

— Le mieux c’est que tu t’installes provisoirement chez Mario, le père de Luis. Sa maison est située à seulement deux kilomètres et est vaste. Il pourra t’accueillir, le temps de faire aérer notre résidence secondaire et de faire les provisions pour la durée de ton séjour. Mario s’en occupe, je l’ai averti. Il a les doubles des clés. Tu as ton train à quelle heure ce soir ?

— Dix-neuf heures. Anabella, je ne sais comment vous remercier, Luis et toi.

— En nous revenant en forme et plus souriante, répondit celle-ci en l’étreignant.

Sabrina ferma les yeux. Elle aussi espérait pouvoir oublier un peu le chaos de son cœur.

Dans le train en correspondance pour Arcachon, ville estivale sur la côte Atlantique, à soixante-dix kilomètres de Bordeaux, Sabrina eut une pensée pour Frédéric. Elle était trop fragile mentalement et n’aurait été d’aucune aide. Elle avait posé ses congés, quinze jours loin de Paris. Brice avait reçu son appel. Elle ne lui avait pas confié sa destination. Depuis quelque temps, elle avait espacé ses relations avec celui-ci. Elle avait remarqué qu’il n’appréciait pas beaucoup Christian et, surtout, il était trop proche de Manuel. Manuel, justement, lui avait dit Brice, était absent à la recherche de l’adolescent. Elle pria pour que l’indice de la discothèque soit suffisant pour le retrouver rapidement en bonne santé.

 

Manuel raccrocha le téléphone et s’adossa à son siège. Il avait rendez-vous tout à l’heure dans le cabinet du Juge d’instruction avec Jocelyn Ménard et les parents de Frédéric. L’homme identifié par Sarah avait permis la capture d’un petit réseau de trafiquants. Et Frédéric, enrôlé malgré lui, devait passer en jugement pour détention de drogue.

Il soupira en observant Carina qui attendait avec fébrilité, debout devant lui, qu’il daigne lui porter attention. Après la grande soirée où elle avait été sa cavalière, Carina était retournée tout de suite en Italie. Et ce matin, il avait eu la surprise de la trouver à son bureau. Elle semblait gagnée par l’excitation.

— Bien, j’espère qu’on ne viendra plus nous interrompre ! s’exclama Carina. J’ai malheureusement peu de temps, car j’organise une soirée costumée ce soir et je dois prendre mon vol ce midi. Je souhaitais avoir ton aide concernant une affaire.

— Tu te lances dans les affaires, maintenant ? Je croyais que tu t’étais cantonnée à tes éternelles soirées mondaines.

— Oui, j’adore cela. Mais là, c’est un projet qui me tient à cœur. Je vais ouvrir un espace fitness mixte spécial gay. Et j’ai besoin de Brice. Il est tellement inventif concernant les appareils de musculation. Je me demandais s’il était possible qu’il puisse se libérer quelque temps pour mettre en place une partie de l’installation. J’ai déjà démarré en sélectionnant un peu de personnel et j’ai les locaux.

— Pourquoi ne lui poses-tu pas directement la question ? Tu sais déjà qu’il est mon associé, pas un simple employé. Donc, il est libre de s’engager ailleurs.

— Il travaille pour toi, ici. Je voulais avoir ton avis d’abord de vive voix avant de lui en toucher un mot.

— Tu as ma bénédiction. Même si ton affaire risque de me porter concurrence en Italie, tu sais bien que je ne pourrais rien te refuser, Carina.

— Oui ! s’écria victorieusement Carina en se jetant sur Manuel pour l’embrasser sur la joue.

Le fauteuil partit en arrière et ils faillirent basculer avec lui.

À ce moment, la porte du bureau de Manuel s’ouvrit brutalement et un homme surgit. Son visage ténébreux était déformé par la colère.

Carina se releva précipitamment. Manuel eut à peine le temps de se redresser que l’homme lui décocha un crochet du droit.

— Espèce de salaud ! s’écria ce dernier. Comment peut-on traiter une femme de la sorte ? Lâche ! Abandonner sa fiancée enceinte pour séduire sa sœur !

— Constantino, arrêtez ! Vous vous trompez ! l’arrêta Carina en lui saisissant le bras.

Mais l’armateur grec, pris dans son élan, la repoussa sur le côté. Manuel esquiva le coup et répondit de son poing gauche. Il atteignit son adversaire dont la lèvre se fendilla légèrement.

— Cela suffit ! cria Manuel. Elle porte votre enfant, non le mien. Vous en avez mis du temps à réagir !

Constantino se releva, comme déboussolé par cette nouvelle.

— Et les fiançailles ? Je croyais… Gisela m’avait dit… pourquoi a-t-elle fait tout cela ?

— À votre avis ? lui lança Carina.

Le visage du grec changea plusieurs fois de couleur tandis qu’il balbutia un merci Torente avant de s’éclipser aussi brutalement qu’il était entré.

— Mais tu saignes ! s’écria Carina.

La bague de l’armateur avait écorché la joue gauche de Manuel et un filet rouge suintait.

— Il y a une trousse à pharmacie dans le meuble juste derrière toi, lui dit Manuel.

Ils se retrouvèrent dans la même position avant l’irruption de Constantino. Carina se tenait sur Manuel pour mieux panser sa blessure. Et cette fois-ci, on frappa et Brice entra immédiatement sans attendre. Il s’arrêta à la vue du couple.

— Je dérange sans doute, commença-t-il en faisant mine de rebrousser chemin.

— Pas du tout ! lui répondit Carina. J’allais m’en aller.

Elle rangea la trousse à sa place avant d’ajouter à l’attention de Brice :

— Il faut qu’on ait une conversation tous les deux, mais là, je dois me sauver, ciao ! salua-t-elle avant de refermer la porte sur les deux hommes.

— C’est l’œuvre de Christian ? demanda Brice en montrant le pansement de Carina.

— Non ! Un grec en colère. Il ne fait pas bon d’être leur ennemi. Le problème de Gisela vient de se régler, il y a quelques minutes. Pourquoi as-tu mentionné Christian ? questionna Manuel en enfilant sa veste.

— Sabrina a rompu avec lui. Je pensais qu’il était venu te régler ton compte vu que tu l’as informée du caractère volage de son fiancé.

— Non, il n’est pas venu et je ne crois pas qu’il soit de la même trempe que Constantino. Maintenant, tu m’excuses, mais je file, c’est bientôt l’heure de mon rendez-vous chez le juge.

Manuel parti, Brice se retrouvait tout seul dans le bureau.

« Mais qu’avez-vous tous à me laisser planter là ! »

 

À Gênes, dans la propriété familiale, Carina emprunta le petit chemin dallé menant à la piscine où Gisela s’y trouvait, selon la domestique. Elle l’aperçut bientôt sur une chaise longue.

— Je te croyais à Paris, lui dit Gisela en guise de salutations.

Carina embrassa sa sœur sur une joue, repoussa les revues qui encombraient un petit pouf et s’assit sur le rebord dégagé.

— Bonjour. Le ton de ta voix est aussi cuisant que ce soleil. Qu’est-ce qui t’arrive ?

— D’après toi ? Tu ne sais pas la chance que tu as de pouvoir te balader à ta guise.

— Personne ne t’empêche d’en faire de même. Le médecin a recommandé beaucoup de repos sans pour autant préciser une immobilisation totale. Ne serait-ce pas plutôt un certain Constantino qui te rend aussi agressive ? Si c’est bien lui, je peux te rassurer : ton manège a fonctionné à merveille. Il est totalement mordu pour toi. J’ai assisté à son altercation avec Manuel, hier. Un instant révélateur. Mais, tu me fais marcher sans doute avec ton humeur à rebrousse-poil. Où est-il ? Tu le caches dans ta chambre ?

— Mordu ? Gisela éclata d’un rire amer. Il a perdu ses crocs depuis hier alors. Tu peux fouiller la chambre. Il ne se trouve ni sous le lit, ni en tenue d’Adam dans ma salle de bain.

— Pourtant, si tu avais vu son visage ! Je suis sûre qu’il t’aime, Gisela. Constantino s’est laissé prendre au piège, mais moi non. Je ne suis pas dupe de tes sorties innombrables à des bras d’hommes différents lors de mes soirées. De la poudre aux yeux tout cela, n’est-ce pas ? Même Manuel…

— Tu en pinces pour Manuel ? l’interrompit Gisela tout à coup. Tu as la voie libre. Mes relations avec Manuel sont terminées depuis plus d’un an. Enfin, si on peut qualifier cela de relations…

— Tu veux dire que toi et Man…

— … n’avons jamais fait la chose. Un certain grec est passé par là. Depuis quelque temps tu fais des incessants allers-retours entre Gênes et Paris. Vers lequel ton cœur penche ? Manuel ou Brice ? attaqua Gisela.

— Ni l’un, ni l’autre, sourit Carina. Je suis seulement intéressée par le fonctionnement de Vis ta forme.

— Carina, reprit doucement sa sœur, je n’ai pas été toujours présente lorsque tu avais besoin de moi. Mais si jamais tu souhaites te confier, je serais une oreille bienveillante.

— Je sais. Pour répondre à ta question avec plus de détails : Manuel et Brice m’apportent une certaine… sécurité que je n’ai pas ressentie depuis bien longtemps.

Gisela hocha la tête.

— Ne garde pas trop longtemps l’amour dans un coffre-fort. Le temps rongera bien vite la clé de la serrure.

— Les clés du local ! s’exclama Carina en se levant brusquement. J’ai oublié de remettre un double à l’entrepreneur que je souhaite engager pour évaluer les travaux de mon futur complexe sportif ! Je me sauve ! Et sache que Brice est homo !

Elle lui glissa, à nouveau, un rapide baiser, sur l’autre joue cette fois-ci, avant de disparaître dans l’allée.

« Mais que raconte-t-elle, Brice n’est pas du tout homo ! »

Ses épaules se haussèrent en signe d’incertitude. Une fois, lors d’une sortie avec Manuel, elle avait eu l’occasion de voir Brice au bras d’une belle jeune femme. Il valait mieux ne rien révéler à sa sœur. Elle compte sans doute là-dessus pour son Centre spécial Gay. Est-ce que Brice jouerait le même jeu que Carina en se faisant passer pour homo ?

« Cela serait trop marrant ! »

Après le départ de sa cadette, Gisela appliqua un peu de crème sur ses cuisses et ses jambes exposées au soleil et repositionna ses lunettes sur le bout de son nez. Elle allait s’étendre à nouveau lorsqu’une silhouette familière fit bondir son cœur dans sa poitrine. Comme si de rien n’était, elle s’allongea nonchalamment en reprenant son magazine.

— Tu me dois une explication, Gisela.

Elle ne leva pas les yeux du magazine, mais était extrêmement consciente de la carrure masculine qui se tenait à proximité de sa chaise longue.

— Bonjour, Constantino, répondit-elle comme s’ils s’étaient vus la veille. À quel sujet ?

— Au sujet de l’enfant que tu portes.

— Ah, cela ? Que veux-tu savoir ? Le sexe ?

Il lui retira brutalement le magazine des mains.

— Ne te moque pas de moi ! Je veux savoir si j’en suis le père.

— Pourquoi ? La fibre paternelle a soudainement germé en toi ?

— Arrête tes sarcasmes. J’ai vu Torente. Il m’a clairement laissé entendre que tu portes mon enfant. Est-ce vrai ?

— Même si cela était le cas, en quoi te sens-tu responsable ? Nos relations étaient uniquement un passe-temps qui n’engageait aucun de nous deux. Ne sont-ce pas tes propres paroles ?

Elle ôta ses verres de soleil pour examiner sa lèvre blessée dont un trait boursouflé marquait la partie supérieure.

— Tu t’es battu avec Manuel pour connaître le nom du père de mon enfant ? Tu aurais pu t’épargner cette peine.

Constantino jura entre ses dents.

— Non, notre altercation n’était pas motivée par cela et tu le sais très bien. Pourquoi as-tu joué toute cette comédie ?

— Quelle comédie ? Ah, tu veux sans doute parler de mes fiançailles avec Manuel. Qui te dit que c’est une comédie ? Manuel m’a demandée en mariage et j’ai accepté. Ma carrière de mannequin touche à sa fin et en plus, élever seule un enfant n’est pas bon pour son équilibre. Manuel et moi sommes toujours fiancés. D’ailleurs, j’ai sa bague.

Elle montra le diamant à son doigt.

— C’est l’heure de ma sieste. Tu désires savoir autre chose ? questionna-t-elle en attrapant à nouveau son magazine.

— Pose ce fichu magazine, je n’ai pas terminé !

Il lui arracha la revue et la jeta par-dessus son épaule. Un plouf indiqua la destination finale de l’objet.

Gisela remit ses lunettes et s’adossa à sa chaise, indifférente à ce mouvement d’humeur.

— Gisela, qu’est-ce que tu ressens pour moi ?

— Un agacement qui vient de s’accroître encore plus après que tu t’es débarrassé de ma lecture préférée.

— Je parle sérieusement Gisela. J’ai besoin de savoir tes sentiments à mon égard.

— Je viens de te le dire. Mais réflexion faite, j’ajouterai que ton arrogance commence à me donner de l’urticaire. Finalement, je n’ai plus besoin de soleil, vu que tu as irrité ma peau.

— Tu ne m’écarteras pas aussi facilement. Je saurai bien te le faire avouer.

— Qu’est-ce que tu veux entendre, Constantino ? Oui, l’enfant que je porte est de toi. Mais, je ne souhaite pas renouer avec toi, car j’aime Manuel.

— Ce n’est pas vrai, tu mens !

— Non, Constantino, je ne mens pas. Cet enfant est bien le tien.

— Cela m’est égal qu’il soit de moi ou non.

— Alors pourquoi viens-tu me poser toutes ces questions idiotes ? fulmina Gisela.

— Parce que je t’aime comme un fou et j’espérais que toi aussi tu éprouvais les mêmes sentiments ! Mais apparemment, tu n’es pas très joyeuse de me voir. J’ai commis une erreur, je n’aurais pas dû venir. J’assumerai tous les frais pour l’enfant et je le reconnaîtrai comme le mien. Je te laisse à ta précieuse sieste. Au revoir.

Il se détourna et prit le chemin de la sortie.

— Constantino, attends ! Je t’ai menti. Manuel et moi, nous ne sommes pas véritablement fiancés !

Il s’arrêta et se retourna pour la regarder. Elle s’était assise sur le rebord de sa chaise en tenant son ventre arrondi de ses deux mains.

— Mais, tu l’aimes…

— Oui, je l’aime… comme un ami, car mon cœur appartient à quelqu’un d’autre.

— Tu veux dire que tu es amoureuse d’un autre homme ? Qui ? balbutia Constantino dont le teint bronzé était devenu pâle.

— Un grec borné et aveugle, terriblement séduisant que je n’arrive pas à oublier et dont l’enfant me cloue en position allongée toute la journée.

— Agape mou, murmura Constantino en se précipitant vers elle pour l’enlacer.

Gisela eut un petit rire triomphant lorsqu’il l’entoura de ses bras, puis elle nicha sa tête contre son torse et ferma les yeux, comblée.

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